Après « l’insomnie à te souvenir… » (mais l’insomnie, n’est-ce pas ne plus pouvoir se souvenir, trou blanc où l’on s’abolit ?), une nuit obscure et une extase. Une stase seconde donc, une seconde étape dans notre projet avec m.v. de réfléchir la critique – littéraire (ces deux mots, chacun aussi étranges l’un que l’autre et que l’on a tenté d’interroger dans ce premier texte).
Stase seconde donc, façon de souligner ce suspens du texte, brève éternité foudroyante d’amitié pour le texte se ramifiant en éclair dans tout le corps de nos pensées.
Tombe-t-on amoureux d’un texte ? Cela arrive, pourquoi ne pas le reconnaître. Il arrive qu’on ait ces emballements de cœur, ces passades maladives, ces afflictions et ces bonheurs où la conscience semble chavirer, perdre pied dans l’océan du texte. Mais de ces « coups de cœur » on a trop parlé peut-être. Et peut-être que quelque chose en moi (en nous, qui sait ?) voudrait une autre figure, celle de l’Amateur de Barthes, désignant non pas la passion, mais la curiosité éclectique, accueillante, ouverte, variante de l’intelligence lectrice (et on me dira : quel privilège insensé donné à l’intelligence ! C’est qu’il faut, là encore, changer ce que l’on entend (et attend) de l’intelligence : notre capacité de métamorphose, ni plus ni moins).
Dans cette « Stase seconde » donc, se dit l’occasion de passer à nouveau du lexique chrétien de l’amour à celui de l’antique amitié (à l’amour du prochain tu substitueras l’amitié du plus lointain disait Nietzsche : comment ne pas choisir quelque chose de surhumain pour penser, comment ne pas reprendre les formules du Zarathoustra quand on veut non seulement briser les anciennes tables, mais en inventer de nouvelles, à la hauteur de notre temps au ciel bas et lourd).
Se faire l’ami des livres, des textes, ce cliché autant que celui des « coup de cœur » doit être poursuivi jusqu’au bout afin d’en penser la radicale nouveauté.
To be continued (again)
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